ifa_MAG_562_tunnel-goetschka.jpg

Comportement en cas d’incendie dans un tunnel (partie 1/3): tout usager d’un tunnel peut avoir besoin d’aide

Grâce à leurs dispositifs de sécurité, les tunnels routiers modernes favorisent l’autosauvetage. Mais les individus ne se comportent pas de façon idéale, surtout en situation de danger. Même si un tunnel répond à toutes les normes en matière de sécurité, toute personne se trouvant dans l’ouvrage peut être en danger en cas d’incendie - et pas seulement les personnes pour lesquelles une fuite serait difficile. Adopter un comportement inapproprié est souvent tout simplement humain. Les sapeurs-pompiers doivent également tenir compte de cette réalité. Dans cette série de trois articles, nous allons d’abord examiner le comportement des usagers d’un tunnel routier dans les premières phases d’un incendie (remarque: le deuxième article traitera de la fuite et le troisième de l’influence du comportement de groupe).

L’accent est mis sur la destination, pas sur le tunnel


Lorsqu’ils entrent dans un tunnel, les automobilistes ont une attente claire: ils veulent en ressortir de l’autre côté, car ils se rendent à un rendez-vous, ont quelque chose d’important à faire ou doivent rencontrer quelqu’un. Bref: ils ont un but et c’est cela qui canalise leur attention. Les recherches montrent que si un incendie se déclare dans un tunnel, cette focalisation sur la destination peut brouiller la perception et l’évaluation de la situation et du danger. Le besoin d’atteindre la destination pousse également certains conducteurs à négliger la distance de sécurité avec le véhicule précédent, par exemple lorsqu’un bouchon se forme.

Entrer dans le tunnel malgré la présence d’un feu rouge

La focalisation sur la destination peut même conduire les conducteurs à ignorer les signaux d’avertissement. Les automobilistes sont en effet concentrés sur le portail du tunnel et sur l’entrée dans l’ouvrage. Les informations présentes aux alentours du portail du tunnel ne sont ainsi souvent pas perçues ou sont remarquées tardivement et ne sont comprises qu’avec un certain retard. Ainsi par exemple, un feu rouge allumé en permanence peut également être interprété à tort comme une défaillance technique du dispositif de signalisation. C’est pour cette raison que, dans les tunnels, les feux rouges sont aujourd’hui souvent combinés avec des indications supplémentaires qui non seulement accroissent la visibilité de l’avertissement, mais peuvent également en expliquer la signification.

L’être humain a besoin de temps pour s’orienter et prendre des décisions


Chez les usagers des tunnels, les premières phases d’un incendie sont généralement caractérisées par l’incertitude, les erreurs d’interprétation et l’indécision. Les informations manquent. Des témoins ayant vécu de tels événements rapportent qu’ils ont rencontré des difficultés à évaluer la situation et à déterminer les comportements appropriés. Les tests d’évacuation ont montré que 5 à 15 minutes peuvent s’écouler avant que les personnes ne décident d’agir (ou pas) et qu’elles déterminent ce qu’elles doivent faire. La distance par rapport à l’événement joue également un rôle important dans la perception et l’évaluation de la situation: de nombreux utilisateurs des tunnels ne réagissent que lorsqu’ils voient de la fumée ou des flammes. Lorsqu’ils se rendent compte du danger, ils subissent par contre un stress important qui peut les empêcher de prendre des décisions et d’agir de façon appropriée.

Les premières alarmes et les premières annonces ne sont souvent pas comprises

Dans l’idéal, les usagers devraient comprendre et immédiatement se conformer aux messages d’avertissement diffusés dans le tunnel. Cependant, les alarmes sonores ne sont pas immédiatement perçues par toutes les personnes présentes dans un tunnel, si tant est qu’elles soient audibles en raison de la ventilation extrêmement bruyante du tunnel. Le fait de percevoir les premiers signaux d’alarme sans les comprendre peut inciter les usagers du tunnel à en rechercher la cause, à chercher des informations et à s’orienter vers d’autres personnes se trouvant dans le tunnel ou à échanger avec celles-ci. Il est à noter que même la compréhension d’une alarme ne suffit pas: le danger doit être considéré comme étant bien réel avant que les personnes ne procèdent à leur autosauvetage.

Les sapeurs-pompiers doivent se préparer à aider les personnes à procéder à leur autosauvetage

En cas d’incendie dans un tunnel, le fait de quitter immédiatement son véhicule pour atteindre une sortie de secours le plus rapidement et le plus sûrement possible ne constitue pas la règle. C’est pour cette raison que les sapeurs-pompiers doivent se préparer à aider les personnes à se sauver elles-mêmes ou à sauver des personnes qui auraient été en mesure de procéder à leur autosauvetage si elles avaient pu s’échapper à temps.