ifa_MAG_173_Zederhaus.jpg

Rapport d’intervention: incendie d’un poids lourd transportant des matières dangereuses dans le tunnel du Tauern

Le 28 novembre 2020, les sapeurs-pompiers de Zederhaus (A) ont été alarmés pour l’incendie d’un poids lourd dans le tunnel du Tauern. Sur place, des panneaux d’identification de danger et une énorme détonation leur ont rappelé de mauvais souvenirs: ceux du grand incendie de mai 1999. A l’époque, douze personnes avaient perdu la vie dans le sinistre. Cette fois cependant, l’intervention s’est avérée beaucoup moins dramatique que ce que l’on craignait au départ. Nous avons parlé de cette intervention avec Harald Pfeifenberger, commandant des sapeurs-pompiers de Zederhaus et chef d’intervention.

Premier message d’alarme: incendie d’un poids lourd


Les corps de sapeurs-pompiers volontaires de Flachau (portail nord) et de Zederhaus (portail sud) sont responsables de la première intervention dans le tunnel du Tauern. Ce jour-là, l’alarme a été reçue à 6h00, indique Harald Pfeifenberger. Alors que les sapeurs-pompiers étaient en route pour se rendre sur les lieux du sinistre, la centrale d’exploitation du tunnel les informait qu’un poids lourd était en feu dans l’ouvrage, à une distance de 2,2 km du portail sud. Les intervenants apprenaient également que le conducteur du camion avait déjà dételé la semi-remorque et mis le véhicule tracteur à l’abri en direction du portail nord. Les sapeurs-pompiers du Zederhaus sont alors entrés dans le tunnel avec leur véhicule de première intervention (VPI) et leur tonne-pompe pionnier (TPP). Le VPI est arrivé sur les lieux du sinistre à 6h10.

Des matières dangereuses et une puissante détonation


Pour Harald Pfeifenberger, la situation qui se présentait alors était la suivante: la semi-remorque se trouvait dans une niche d’arrêt d’urgence et était déjà en feu. Un panneau de signalisation de matières dangereuses indiquant des liquides inflammables était visible à l’arrière du véhicule. Les deux tubes du tunnel étaient fermés et, en l’état des connaissances, tous les usagers du tunnel étaient déjà sortis de l’ouvrage. Les sapeurs-pompiers ont immédiatement commencé à combattre le feu. «Puis, soudain, il y a eu une énorme détonation. Si violente que même les camarades qui se trouvaient devant le portail l’ont entendue et que nous, qui étions à l’intérieur du tunnel, avons ressenti une puissante onde de choc.» Pour les camarades plus âgés de Zederhaus, le choc a été particulièrement grand, explique le commandant, car il leur a rappelé leur dramatique intervention de mai 1999. Cette année-là, un véhicule de transport de matières dangereuses avait également brûlé, provoquant de violentes explosions. Douze personnes avaient perdu la vie dans ce sinistre. Les sapeurs-pompiers de Zederhaus avaient sauvé quatre chauffeurs de poids lourds d’une épaisse fumée. Parfois, les sapeurs-pompiers eux-mêmes se sont retrouvés en grand danger en raison de la chaleur et de la fumée. Cette fois, cependant, selon Harald Pfeifenberger, «passé la frayeur initiale, la situation s’est avérée gérable». La détonation était en fait due à l’éclatement d’un pneu de la semi-remorque.

«Eteindre rapidement avec beaucoup, beaucoup d’eau»


Afin de maîtriser l’incendie le plus rapidement possible, dans un premier temps, Harald Pfeifenberger a fait déployer deux conduites de refoulement alimentées en eau contenant un agent mouillant, soit une conduite établie à partir du VPI, qui est équipé d’un système d’extinction à haute pression, et l’autre à partir d’une hydrante murale qui se trouve dans une niche d’arrêt d’urgence et dont la pression est également élevée. «Dans une telle situation, il s’agit d’éteindre le feu le plus rapidement possible en utilisant beaucoup, beaucoup d’eau». Les renforts qui sont ensuite arrivés de Zederhaus et de Flachau ont établi quatre autres conduites pour combattre le feu et refroidir la structure. A 6h39, l’incendie était sous contrôle et à 7h49, la direction de l’intervention a pu annoncer «Feu éteint!».

Chargement: 19 tonnes de produit désinfectant


Comme les intervenants ont ensuite pu le constater, le chargement du poids lourd était constitué de 19 tonnes de désinfectant: du propanol à 70% était en effet conditionné dans de petits flacons vaporisateurs pour la désinfection des mains regroupés dans des emballages contenant un litre de produit au maximum. Pour éteindre l’incendie, il a fallu séparer tous les emballages les uns des autres. Il est à noter que la collecte et l’élimination du chargement, très éparpillé, ont constitué un travail long et fastidieux, pour lequel une chargeuse sur roues appartenant à l’exploitant du tunnel ASFINAG a été utilisée. A 12h20, les sapeurs-pompiers de Zederhaus avaient terminé leur intervention. Leurs collègues de Flachau, stationnés du côté nord de l’ouvrage, avaient quant à eux, déjà été repliés plus tôt car, en raison de la pandémie de coronavirus, les deux corps de sapeurs-pompiers du tunnel doivent éviter au maximum de se côtoyer.

Particulièrement utiles: des informations fournies très rapidement et une ventilation efficace


Harald Pfeifenberger considère que les informations fournies par la centrale d’exploitation du tunnel se sont avérées très utiles. Il était en effet bon de savoir, durant l’approche ,que le chauffeur du véhicule avait pu se mettre en sécurité. D’ailleurs, il est à noter que celui-ci s’est comporté de façon exemplaire. Avant de dételer le tracteur et de s’enfuir vers le nord, il avait déjà essayé d’éteindre le feu avec deux extincteurs. Malheureusement, cela a été tout aussi infructueux que les efforts d’un autre chauffeur de camion qui s’était spontanément arrêté et avait également utilisé des extincteurs. Harald Pfeifenberger regrette toutefois que ce n’est qu’une fois arrivés sur place que les intervenants ont découvert la présence de matières dangereuses dans le chargement du poids lourd. En effet, seul un simple panneau d’avertissement était fixé sur la semi-remorque. Les fumées n’ont quant à elles guère causé de problèmes: grâce à la ventilation transversale efficace du tunnel du Tauern, l’ouvrage n’était enfumé que sur quelques mètres du côté de la sortie de l’air, se souvient Harald Pfeifenberger. «Malgré le fort dégagement de fumées produit par le sinistre, du côté de l’entrée de l’air, le tunnel n’était pas enfumé.»

 

Les dégâts occasionnés à l’ouvrage sont limités


«Comme indiqué dans le rapport d’intervention, des dommages considérables ont été causés aux installations électriques. En revanche, les dégâts subis par la structure ont été limités grâce à un refroidissement intensif», résume le chef d’intervention Harald Pfeifenberger. L’exploitant du tunnel, l’ASFINAG, l’a également signalé dans un communiqué de presse: «Le comportement correct du chauffeur du poids lourd, l’intervention rapide des sapeurs-pompiers, leur excellente coopération avec le personnel de l’ASFINAG et les équipements de sécurité modernes dont dispose le tunnel ont joué un rôle essentiel dans la limitation des dégâts à l’ouvrage. En conséquence, le tunnel a été rouvert à la circulation dix heures seulement après que les sapeurs-pompiers ont été alarmés.